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Thierry Lavigne, le Président de la coopérative Sport 2000 : « Une offre tout à fait acceptable. » - 26.09.2018

Quelque 24 heures avant l’Assemblée générale des adhérents convoquée, jeudi, à Egly pour se prononcer sur le rachat des parts d’Activa Capital par la coopérative, Thierry Lavigne, le Président de Sport Invest, explique pour quelles raisons le projet qu’il soutient, constitue la « seule alternative » à la sortie d’Activa Capital du capital de Sport 2000 France. Ne voulant pas laisser sans réponse les propos tenus, lundi, par Fédéric Poux, Thierry Lavigne assure que l’offre de la coopérative est « tout à fait acceptable au regard de la situation ».

L'Assemblée générale est convoquée, jeudi, à Egly, pour se prononcer sur le rachat des parts d'Activa Capital par la coopérative, offre que vous avez présentée le 14 août. Vous y êtes favorable et Frédéric Poux, le président que vous rejetez aussi. Où est le problème ?

Il n'y a pas de problème. Nous avons débuté les négociations pour le rachat des parts d'Activa Capital, il y a deux ans, donc bien avant l'arrivée de Monsieur Poux. Le 14 août, nous avons présenté une offre écrite à Activa dont tous les adhérents ont aujourd'hui connaissance dans le détail afin qu'ils puissent se prononcer en toute connaissance de cause et en toute responsabilité. Nous avons été ravis d'apprendre par l'interview que vous avez publiée lundi que Monsieur Poux est également favorable à ce rachat. Tant mieux.


Pourtant, depuis sa nomination comme Président de Sport 2000 France, au début de l'été, vous avez formulé des critiques extrêmement sévères sur son arrivée. Pour quelles raisons ?

Je vous rappelle d'abord qu'il est issu du monde de la franchise et du LBO et qu’il a été désigné unilatéralement par Activa Capital, alors que la coopérative détient 48% du capital de Sport 2000 France. Pas vraiment consensuel, comme nomination. Cependant, nous l'avons écouté attentivement. Quelques jours après sa nomination, Monsieur Poux a réuni le personnel à Egly et a exposé ce qu'il a appelé son « plan de marche ». Dans les grandes lignes - même s'il n'a pas laissé de documents écrits – il a expliqué qu'il venait pour accompagner la conversion des titres d'Activa, ce qui laisse sous-entendre la dilution des parts de la coopérative et qu'il souhaitait transformer l'entreprise afin de faire évoluer les contrats des adhérents en contrats de franchises. Son objectif était peut être de devenir actionnaire personnellement. Les propos qu'il a tenus dans vos colonnes, il y a quelques jours, révèlent sans doute que son projet a évolué et qu'il a compris que la situation n'était peut-être pas exactement celle qui lui avait été exposée quand il a accepté le poste.


Parlons de l'offre que la coopérative a faite à Activa Capital. Sur quels critères et comment avez-vous calculé le montant ? Comment allez-vous financer cette offre et avec quel partenaire financier ?

Nous n'avons rien caché et nous n'avons rien à cacher. Les adhérents ont été informés, point par point et notre assemblée générale lèvera les dernières interrogations. La valorisation n'est pas le résultat d'élucubrations mais a été établie par un cabinet d'audit indépendant. Elle n'a pas été calculée sur le principe d'un multiple d'ebitda, mais sur la base d'un projet modélisé, à partir des besoins de l'entreprise sur 5 ans. Ne perdons pas de vue que nous sommes une coopérative, dont la finalité est de réinjecter l'ensemble de ses moyens au service et au développement de son réseau, et que « l'ebitda » c'est nous ! Notre offre est accompagnée par un partenaire financier fiable et historique, qui s'est engagé par écrit. C'est une belle offre que nous faisons à Activa Capital compte tenu de la situation. Et c'est surtout la seule qui permettra à Sport 2000 de rattraper le retard accumulé en raison des ressources considérables que nous avons mobilisées pour rembourser la dette générée depuis l'arrivée d'Activa Capital au capital de Sport 2000 France.


Le chiffre d'environ 3,5 millions d'euros a circulé, cet été, dans la presse. Confirmez-vous ce chiffre et, si tel est le cas, croyez-vous vraiment qu'Activa Capital va accepter de céder sa participation à un prix – de leur point de vue, aussi faible - au regard des quelque 25 ou 30 millions d'euros qu'ils ont du laisser dans l'affaire ?

Je ne vais certainement pas vous commenter les chiffres qui circulent et encore moins le point de vue d'Activa. N'est-ce pas le propre des fonds d'investissement de jouer avec l'argent de leurs contributeurs ? Parfois ils gagnent, parfois ils perdent ! Nous avons également beaucoup perdu. Ce que je peux affirmer c'est qu'à ce jour, les adhérents ont consenti un effort énorme qui  a permis de rembourser plus de 35 millions d'euros en 7 ans, au détriment du commerce et de leurs propres entreprises. Nous avons chèrement payé les errements de gestion et le laxisme du passé. Notre offre est ferme, elle intègre le prix de sortie d'Activa, le remboursement de la dette bancaire et des dettes courantes. Elle est tout à fait acceptable et raisonnable au regard de la situation : c'est le maximum que l'entreprise Sport 2000 puisse supporter sans mettre son avenir en péril. Nous sommes attachés à l'enseigne et nous cherchons toutes les solutions pour la sauver. Notre seule préoccupation, c'est la capacité de Sport 2000 à déployer son projet qui lui seul offre des perspectives de croissance durable et rentable. Monsieur Poux s'est étonné de ne pas avoir été accueilli comme le sauveur de l'entreprise ? Comment aurait il pu en être autrement avec un tel projet ? Le mandat du Conseil d'administration dont je suis le président est de reprendre la pleine propriété de notre enseigne.


Frédéric Poux est très critique quant au fonctionnement de Sport 2000 - « monstre hybride, pas de cap, manque d'attention au personnel de la centrale.... » -. Ses critiques ne vous semblent pas recevables ?

Nous avons été choqués par ses commentaires. Il a passé deux demi-journées à Egly et il s'est déclaré surpris de voir un bureau vide alors que les équipes sont sur le terrain et que les comités se déroulent dans les services... Quelle ignorance de la réalité ! Cela relève autant de la méconnaissance de l'entreprise que d'un manque de considération total de ses dirigeants, de ses cadres, de son réseau et surtout de ses résultats. Pire, c'est un mépris de la coopérative elle-même. Monsieur Poux n'a eu que l'optique comme référence, je peux comprendre qu'il soit perdu face à notre modèle plus complexe et plus contraint que celui des opticiens franchisés. La finalité, c'est que l'on ne grandit pas en rabaissant les autres. Sport 2000 n'est pas un vaisseau sans capitaine ni un bateau sans cap. Le redressement effectué depuis 2011 l'établit sans contestation possible. Le nouveau concept atteste de la qualité du travail accompli par les services. Les permanents accomplissent un travail remarquable. Sous la houlette de Stéphane Solinski, le comité de direction et ses équipes démontrent au quotidien leur professionnalisme et leur implication. Les résultats sont là et le réseau y est très sensible. Nike dont l'exigence envers ses distributeurs repose sur l'excellence considère Sport 2000 comme un partenaire stratégique.  De quoi ce Monsieur veut-il donc parler ?


Que se passera-t-il, jeudi, si le quorum n'est pas atteint ou si l'AG se prononce défavorablement en faveur de l'acquisition des parts d'Activa par la coopérative ?

C'est une hypothèse à laquelle nous ne croyons pas. Malgré les tentatives de division qui ont été tenté ces derniers jours, les adhérents sont parfaitement informés et disposent de tous les éléments pour se prononcer. Lors de l'Assemblée générale, nous répondrons à toutes les questions et nous ferons taire, une à une, toutes les rumeurs malsaines qui circulent. Chacun peut s'exprimer, s'interroger. La gouvernance peut sembler atypique à Monsieur Poux mais, « le monstre hybride » qu'il décrit est pourtant celui qui a œuvré et lutté pour redresser la barre dans les circonstances que l'on sait. Chez Sport 2000, les adhérents sont souverains...ils auront le dernier mot.


Si les adhérents soutiennent votre projet et se prononcent positivement en faveur de l'acquisition, cela ne préjugerait pas pour autant de l'acception de votre offre par Activa Capital. Que pourrait-il alors se passer ?

La seule sortie de crise possible est celle de l'acceptation par Activa Capital de l'offre des adhérents. Elle coche absolument toutes les cases. La refuser, ferait porter à Activa, la responsabilité de l'avenir.


Vous ne croyez pas qu'une autre alternative pourrait être présentée ?

S'il en existe une, je n'en connais pas l'existence. Depuis deux ans, nous avons consulté quelque 70 pistes différentes... Tous les candidats qui ont été approché nous ont fait savoir qu'ils ne donnaient pas suite car selon eux les meilleurs candidats sont les coopérateurs eux-mêmes. Quelle alternative pourrait être crédible qu'Activa n'aurait pas encore explorée ?


Propos recueillis par jeanluc clouard

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